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formèrent un nombre d’autres, qui, quoique moins parfaits qu’eux, firent des ouvrages dignes de l’admiration de la postérité. L’Italie n’eut plus de ville considérable qui n’eût quelque habile peintre. Le Titien, les deux Carache, Jules-Romain, le Tintoret, Paul de Vérone, le Dominicain, le Corrège, vécurent tous à peu près dans le même temps.

    Henri iii, lorsqu’il passa à Venise, alla rendre visite à ce peintre. Il mourut en 1576 âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans. Augnstin et Annibal Carache étaient frères et natifs de Bologne. Ils y établirent avec Louis Carache leur cousin, une célèbre école. Annibal mourut, en 1603, des suites de la tristesse que lui causa l’ingratitude du cardinal Fernèse, dont il peignit la galerie, qui est un chef-d’œuvre. Augustin naquit en 1557 et mourut en 1605 : il était non seulement peintre, mais excellent graveur. Il a laissé un fils naturel connu sous le nom d’Antoine Carache mais qui mourut jeune, donnant déjà de grandes espérances. Jules Romain était élève de Raphaël ; il a excellé dans tous les genres. On cite sa Gigantomachie, ou Guerre des Géans, comme son plus bel ouvrage. Il est mort à Mantoue en 1546, âgé de cinquante-quatre ans. – Le Tintoret, dont le véritable nom était Jacques Robasti, fut ainsi nommé, parce qu’il était fils d’un teinturier. Il a fait beaucoup d’ouvrages, tous d’un grand mérite. Il est mort à Venise, l’an 1594, âgé de quatre--