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chez lui dans son enfance[1]. Dix ou douze ans après, elle fut poussée par son écolier au point le plus parfait. Michel-Ange, aidé de l’antique, porta dans le même temps la sculpture au plus haut degré ; et Jean de la Porte, qui fut son maître dans cet art, était aussi éloigné de son élève que Pierre Perugin l’était de Raphaël. Ces deux grands hommes en

  1. Pierre Perugin naquit à Pérouse, d’où lui est venu son nom. On dit de lui qu’il était fort avare, qu’il portait toujours avec lui sa cassette, qu’elle lui fut un jour enlevée, et que le chagrin qu’il en eut le fit mourir en 1524, âgé de soixante-dix-huit ans. Michel-Ange était de l’ancienne maison des comtes de Canosse ; son père se nommait Buonari Simoni. Il naquit dans le pays d’Avezzo en 1474 : il fut nourri aux environs de Florence par la femme d’un sculpteur ; ce qui lui faisait dire qu’il avait sucé, en naissant, le lait de la sculpture. Ses plus beaux morceaux en ce genre sont à Florence dans la chapelle des ducs, et à Rome dans l’Église de Saint-Pierre-aux-Liens. Son chef-d’œuvre de peinture est le Jugement univereel. Michel-Ange est mort à Rome en 1564, âgé de quatre-vingt-dix ans. Le Titien naquit en 1477 dans le Frioul Vénitien ; Il a vécu près d’un siècle dans l’opulence, et recherché de tout le monde. Charles-Quint lui a fait faire trois fois son portrait ; et il disait, à cette occasion, qu’il avais reçu trois fois l’immortalité des mains de Titien.