tenir dans son archevêché d’Auch, où il aurait tout le temps de s’ennuyer. La chose est effectivement arrivée, ainsi qu’il me le disait.
Je passai trois mois à Rome, uniquement occupé à voir tous les jours de nouvelles beautés ; j’étais plongé dans la peinture et dans la musique ; j’avais oublié qu’il y eût des femmes dans le monde, et je fusse parti de Rome sans y avoir pensé, si le chevalier de Chasse, avec qui j’étais logé dans la même auberge, ne m’eût fait connaître une jeune fille, bonne musicienne, chez laquelle il allait souvent. Nous y faisions de petits concerts : elle avait la voix fort belle, les yeux vifs, les façons tendres et engageantes, ainsi que toutes les Italiennes. Je n’avais rien dans le cœur : je fus bientôt amoureux d’elle et ne tardai pas à le lui apprendre. Je compris dès la première fois qu’elle n’eût point été fâchée d’être persuadée de ce que je lui disais : aussi fis-je de mon mieux pour lui prouver que mes sentimens étaient tels qu’elle les voulait ; je n’épargnai ni les soins ni les assiduités ; les sermens les plus inviolables furent mis en usage ; et, soit qu’elle les crût sincères ou non, elle m’avoua que je ne lui étais point indifférent : cet aveu me rendit sûr du reste. Les Italiennes