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est vrai qu’il les ait eus, soit qu’il les soupçonnât sans en être convaincu, le duc de Saint-Aignan fut nommé ambassadeur auprès de Sa Sainteté. Ce coup a surpris le cardinal ; il a compris qu’en arrivant en France, il serait obligé, n’ayant plus de crédit en cour, de se

    amusemens du roi (Louis XV) et dans une sorte de familiarité ; ils la prirent pour de la confiance de la part de ce prince, et s’imaginèrent qu’ils pourroient se saisir du timon des affaires. Le cardinal en fut instruit et vraisemblablement par le roi même. Sous Richelieu, qui savait si bien faire un crime de la moindre atteinte à son autorité, et trouver des juges dont la race n’est jamais perdue, l’étourderie de ces jeunes gens aurait pu avoir des suites fâcheuse ! Le cardinal de Fleury qui ne prenait pas les choses si fort au tragique, en rit de pitié, les traita en enfans, envoya les uns mûrir quelque temps dans leurs terres, ou devenir sages auprès de leurs pères, et en méprisa assez quelques autres pour les laisser à la cour en butte aux ridicules qu’on ne leur épargna pas. Il est inutile aujourd’hui de rechercher leurs noms, continue Duclos ; ils ne s’en sont fait depuis en aucun genre et sont parfaitement oubliés ; c’est ce qu’on appela alors la Conjuration des Marmousets. »

    Nous avons rétabli dans le texte, d’après les Mémoires de Richelieu, les noms des Marmousets que le marquis d’Argens avait seulement désignés par la lettre initiale.