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de mes enfans ? Votre fille est au public, lui dis-je, dès qu’elle est au théâtre, et vous n’êtes point en droit de la maltraiter ; allez vous plaindre, si vous voulez ; elle suivra actuellement monsieur, qui veut bien la recevoir chez lui.

Elle sortit sur-le-champ, et s’en fut avec son amant. Le père voulut aller se plaindre ; je le prévins, et j’appris au commandant de quoi il était question. Il ordonna qu’elle ne retournerait point chez son père ; mais il la fit mettre chez une autre fille de l’opéra, n’étant pas honnête qu’elle restât dans la maison de son amant, ce qui pourtant était la même chose pour lui.

La façon dont j’avais pris ses intérêts le toucha si fort, qu’ayant su que je cherchais de l’argent à emprunter, il vint m’offrir la somme que je demandais. Comme j’en avais besoin, je l’acceptai sans façon, après lui avoir donné mon reçu, et dès le lendemain, laissant mademoiselle Besaudin, la Motille, et cette demoiselle avec qui on voulait me marier, je partis dans ma chaise de poste pour Paris.

Je repris en y arrivant le goût que j’avais pour les sciences et pour les arts. J’étais une partie de la journée dans mon cabinet, ou