ses yeux et dans sa conduite que je ne lui étais point indifférent. Après deux mois d’assiduité, je fus assez heureux pour en obtenir l’aveu d’elle-même.
Le plaisir d’être aimé et d’en être sûr redoubla ma tendresse ; cependant mon destin était d’être toujours amoureux et toujours tourmenté. J’appris que ma chère Besaudin avait eu un amant avant moi je lui en parlai ; elle me l’avoua de bonne foi. « Vous n’avez point raison de vous plaindre, ajouta-t-elle ; outre que je ne pouvais pas vous aimer avant de vous connaître, l’amant que vous me reprochez était autorisé de ma famille, qui le regardait comme un homme qui pouvait me convenir pour époux. Après le renversement de ma fortune, mon père ayant été obligé de passer dans les pays étrangers, mon amant sembla n’être point rebuté par la perte de mes biens ; je lui sus gré de son désintéressement ; jusque-là je ne l’avais écouté que parce que ma famille l’ordonnait ; je vins à l’aimer réellement : l’ingrat méritait peu les sentimens que j’avais pour lui ; car après m’avoir empêché d’accepter plusieurs partis qui s’étaient présentés, malgré la situation de mes affaires, ayant trouvé un établissement avan-