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qu’il étoit trahi. Il se plaignit, et trouva le secret d’avoir plusieurs rendez-vous sans que je le susse. À la fin, l’ayant appris, je voulus rompre absolument avec elle. Elle s’offrit de me sacrifier ce second amant, comme elle avait fait le premier. J’y consentis. Elle me tint parole et donna congé à Gantaume.

L’opéra étant retourné à Marseille, je suivis ma maîtresse. Cependant, il fallut que je retournasse à Aix pour sept à huit jours. Il se passa pendant mon absence des choses assez particulières. Le comte de Vintimille, avec qui j’avais été fort uni jusqu’alors, et qui soupoit souvent avec moi chez la Catalane, en devint amoureux[1]. Il fit si bien qu’on lui donna ma place. D’abord que mes affaires furent finies, je partis en poste pour me rendre à Marseille. Ma maîtresse, qui ne m’attendait pas, avait profité de mon absence pour rendre Vintimille heureux.

J’allai, en descendant de cheval, chez elle,

  1. Jean-Baptiste-Hubert de Vintimille, né le 31 janvier 1707, reçu chevalier de Malte le 5 juin 1724. C’était le cousin germain du marquis de Vintimille, mari de Félicité de Mailly de Nesle, une des maîtresses de Louis XV, morte en 1741. Cette famille illustre tire son nom de la ville de Vintimille en Provence.