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sommes six, qui soupons ce soir avec des demoiselles ; vous en serez aussi. Je le veux bien, leur dis-je : ma philosophie s’accommode de tout.

Au sortir de l’opéra, nous allâmes souper chez la Catalane ( on verra plus loin ce que c’est que cette courtisane) ; on appelait ainsi

    de mademoiselle de Scudéry : tout Port-Royal y est : le château de Villers y est décrit avec la plus grande exactitude. » Ceux qui aiment a connaître les mœurs de ce temps, y trouveront des renseignemens utiles. Mademoiselle de Scudéry est morte en 1701, à l’âge le quatre-vingt-quatorze ans, fort estimée. L’Astrée est un autre roman historique de d’Urfée, comte de Château-Neuf et marquis de Valromey. Il était de Marseille, où il naquit en 1567, d’une illustre maison originaire de Souabe ; il mourut à Villefranche en 1625, âgé de cinquante-huit ans. Le roman de l’Astrée a eu la plus grande vogue ; c’est un tableau de toutes les conditions de la vie humaine, plein de peintures agréables et de situations attachantes ; on y découvre une fécondité heureuse et le génie particulier de l’auteur. Les traits principaux et le fond de l’ouvrage, ne sont point des fictions, et ils sont puisés dans les amours de d’Urfée avec Diane de Château-Moran, ou dans celles de Henri iv. Olivier Patru a donné des éclaircissemens de cet ouvrage ; ils sont curieux, mais ne sont pas très-sûrs. On peut voir sur d’Urfée et ses ouvrages, la belle Histoire de Provence par M.  l’abbé Papon.