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pris, pour me dissiper dans mes momens de loisir, la musique, et à peindre ; et dans dix-huit mois de temps, je me rendis assez savant pour n’avoir plus besoin de maîtres de la province. J’ai depuis poussé la peinture beaucoup plus loin, et j’ai fait un voyage en Italie pour

    blies par l’opinion d’un aussi grand homme. Il mourut en 1704 âgé de 73 ans. Madame de Villedieu naquit à Alençon vers 1640. Elle est connue par divers ouvrages de théâtre et des romans historiques, qui eurent de la vogue pendant quelque temps, et qui ne sont pas sans quelque mérite. Une aventure qu’elle eut, étant toute jeune avec un cousin, la détermina à venir à Paris où elle se mit à cultiver les lettres. Elle se nommait Catherine Desjardins ; elle était jolie, coquette et instruite. Elle eut bientôt une cour de jeunes gens qui cherchèrent à lui plaire. Celui qui réussit le mieux fut un capitaine d’infanterie, d’un caractère et d’une figure aimable. Mademoiselle Desjardins en devint amoureuse ; il était marié depuis un an : elle le persuada de faire casser son mariage : la chose fut impossible et le jeune homme partit pour Cambray rejoindre son corps. Sa maîtresse l’y suivit, et lorsqu’ils revinrent à Paris, mademoiselle Desjardins y parut sous le nom de madame de Villedieu. Cette nouvelle union ne fut point heureuse ; il y avait beaucoup de divisions entr’eux, lorsque Villedieu partit pour l’armée où il fut tué. Sa prétendue veuve ne fut point une Artemise ; partagée entre l’amour, les romans et le théâtre, elle vécut comme on peut vivre