sont au premier venu, les corsaires ont établi la mode de se marier pour un certain temps ; les prêtres grecs, qui sont des misérables sans honneur et sans religion, se sont prêtés à ces débauches. Isabella, c’était le nom qu’avait cette fille, avait épousé un Grec de Milo, qui montait une galiote ; celui-ci, ennuyé de sa femme, s’était remarié trois mois avant la fin de leur bail, et c’était une honte qui retombait sur Isabella de n’avoir pas eu assez de mérite pour conserver son amant jusqu’au terme fixé, en sorte qu’elle aurait peine à trouver d’autres maris.
L’amie d’Isabella nous ayant mis au fait de la tristesse : Pardi ! s’écria Clairac, que ne me disiez-vous cela d’abord ? je n’aurais pas appelé monsieur le médecin pour la guérir, et, s’il ne faut qu’un mari pour réparer son honneur et la venger de ce faquin de pirate, en voici un tout trouvé : je l’épouserai pour huit jours ; et moi, dis-je, j’en offre autant de son amie.
Elles acceptèrent notre proposition fort volontiers. Il faut aller, dit Julia, c’est le nom de ma future épouse, devant le papa[1] pour
- ↑ Papa est le nom du prêtre ou curé de la religîon grecque que l’on professe dans ces îles.