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tribunal pour les affaires des particuliers, qui revient à peu près à nos bailliages : leur justice est assez bonne et, excessivement briève.

Le jour de l’audience de l’ambassadeur étant fixé, il descendit à terre au bruit de toute l’artillerie de l’escadre. Deux des premiers de la république vinrent le recevoir sur le rivage à l’entrée du port. Il alla d’abord chez le çonsul, où il se reposa quelque temps, et de là il partit à pied pour se rendre au palais du dey, accompagné de tous les officiers de l’escadre, et précédé de sa maison. Le dey le reçu dans l’appartement le plus superbe de son palais ; c’était une espèce de galerie, dont les murailles étaient reblanchies et entouré de quelques sophas à la turque assez mauvais. Il avait autour de lui deux ou trois turcs, quelques esclaves chrétiens, et deux mousses hollondais, qui lui servaient de pages.

L’ambassadeur s’assit dans un siège pareil au sien vis-à-vis de lui. Il lui parla la tête couverte et en français ; la cérémonie fut faite dans un instant ; on mous apporta du café et des pipes. Le dey parla alors en italien avec l’ambassadeur, et pous restâmes une demi-heure avant que M.  d’Andresel prit congé de lui. Au sortir de l’audience, l’ambassadeur