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cause au manque d’interprète ; celui dont ils se servaient, étant esclave du dey, ne lui osait pas rendre dans les termes précis ce qu’ils disaient et ils prièrent M.  d’Andresel de vouloir bien leur prêter le sien. Ils furent obligés de mettre à la voile quelques jours après, aussi fâchés de notre arrivée que nous l’avions été de les rencontrer.

Alger est une ville bâtie en amphithéâtre, dons les rues sont étroites et malpropres, les maisons hautes, peu riantes, la plupart sans fenêtres du côté des rues ; les bâtimens sont tous couverts de terrasses, où les femmes vont se promener lorsque la chaleur du soleil est finie ; elles sont un peu plus libres en Afrique qu’en Asie et à Constantinople. Il y a des intrigues à Alger, mais il est dangereux d’en avoir ; les femmes n’y sont servies que par des esclaves chrétiens ; elles les voient même avec plus de liberté que les naturels du pays, et de là viennent bien des passions, qui finissent ordinairement par d’étranges catastrophes.

Lorsqu’un chrétien est surpris avec une turque, il faut qu’il se fasse mahométan ou qu’il soit empalé. Quoique le cas arrive assez souvent, on voit néanmoins peu de martyrs à Alger : si c’est un esclave, on se contente