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empêchée de se porter à de plus grandes extrémités. Comme il était reconnu pour un homme plein d’honneur, il s’était acquis le droit de dire ce qu’il pensait, et il soutenait ce caractère de sincérité par une naissance illustre et par beaucoup de biens. Il me fit réponse qu’il avait obtenu ce que je demandais, et que je partirais avec les fils de M.  d’Andresel, qui venaient attendre leur père à Toulon où je trouverais un équipage, dont j’aurais lieu d’être content. Je reçus quelques jours après le rappel de ma lettre de cachet, et fis le voyage de Perpignan à Aix avec le jeune marquis d’Andresel et son frère.

Lorsque nous arrivâmes en Provence, ils allèrent chez mon père ; je ne les accompagnai point, et je ne vis personne de ma famille qu’un frère, que j’aimais autant que Sylvie[1]. Il venait de justifier, tout jeune qu’il était,

  1. Le marquis d’Argens avait deux frères chevaliers de Malte de la langue de Provence ; savoir, Sextius Luc de Boyer d’Argens, né le 21 juin 1710, et reçu chevalier le 27 août 1723, et Luc Boyer d’Argens, né le 13 février 1713, reçu le 26 mai 1735. C’est du premier que parlent les Mémoires. Le marquis d’Argens l’a toujours aimé, et c’est à lui qu’il dédia sa Philosophie du Bon-Sens.