avait passé jusqu’au fond de mon cœur. J’attendis le lendemain l’heure de la comédie avec une extrême impatience ; enfin quatre heures sonnèrent. J’arrivai le premier, et, comme j’étais seul dans la salle, je passai au foyer, où elle était déjà habillée. Dans l’idée que je m’étais formée d’une comédienne ; je crus que je ne devais pas perdre une aussi belle occasion pour lui dire ce que je pensais : je lui fis une déclaration aussi tendre que longue.
L’air de sang-froid avec lequel elle m’écoutait me désespérait ; ce fut bien pis, lorsqu’après m’être épuisé en beaux sentimens, elle me dit en riant : Il faut avouer que le ciel aurait dû vous faire naître dans l’état où il m’a placée ; vous auriez été un grand comédien ; vous venez de réciter à merveille de fort beaux morceaux ; je vous paierai quand vous voudrez en même monnaie ; car notre profession nous oblige d’apprendre par cœur nombre de pareilles déclarations.
Comme j’allais répondre à Sylvie, une foule de jeunes étourdis entrèrent ; il fallut me contraindre : j’affectai pendant la comédie de rendre mille petits soins à Sylvie ; je tins la même conduite pendant près d’un mois. Je