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est au-dessus du portail. Le marquis devait être d’autant plus en sûreté dans cet endroit, que cette tribune n’était ordinairement ouverte à personne ; que, de plus, elle était à l’occident de la mosquée et que les mahométans devant toujours, dans leurs prières, être dirigés vers la Mecque, c’est-à-dire vers l’orient de Constantinople, nul d’eux ne pourrait retourner la tête sans causer un grand scandale ; article sur lequel ils portent le scrupule jusqu’à ne sortir de leurs mosquées qu’à reculons.

» Le marquis d’Argens vit donc, assez à son aise, les cérémonies de la religion turque ; cependant il causa de fréquentes alarmes à son guide ; à chaque moment il quittait son asyle et s’avançait jusqu’au milieu de la tribune, pour mieux voir tout ce qui se passait dans la mosquée ; sur quoi son pauvre Turc, qui savait ne pas risquer moins que d’être empalé, le conjurait par les signes et les gestes les plus expressifs, de se retirer bien vite derrière son tableau. La frayeur de cet homme amusait singulièrement le chevalier de Malte, qui n’en était que plus porté à multiplier ses étourderies.

» Ce fût bien pis quand celui-ci s’avisa de tirer de sa poche un flacon de vin et un mor-