Page:Argens - Julien l’Apostat - Deffense du paganisme par l’empereur Julien.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LX
R E F L E X I O N S

c’est qu’en s’attribuant à nôtre sainte croiance les plus funestes malheurs et les plus grands crimes, c’est prétendre qu’elle est fausse; car le mal ne peut prendre son origine d’une chose divine.

Je reponds à la premiere objection, que Dieu, qui se sert selon sa sagesse & selon sa puissance des choses, qui souvent nous sont les plus inconnues, pouvait vouloir que l’Empire Romain, qui s’étoit souillé du sang des martyrs, fut détruit par ce même Christianisme qu’il avoit persécuté.

Quant à la seconde objection, quoiqu’elle paroissoit plus forte, on peut cependant y repondre aisément. Car l’Ecriture nous apprend, qu’il faut que l’Église soit attaquée pour que sa Sainteté paroisse évidemment par sa fermeté & par sa stabilité, contre les quelles tous les efforts humains & toutes les forces de l’Enfer ne prevaudront jamais. Oportet esse hæreses.

Ces raisons sont convaincantes pour ceux qui sont assés heureux pour être Chretiens ; mais les incredules soutiennent, qu’il est absurde de vouloir établir la sainteté de l’Église sur une suite de maux perpetués dans tous les siecles ; ils disent qu’elle devrait être fondée sur des preuves bien plus claires, & bien plus dignes de la bonté de l’Etre supreme. Il auroit fallu, continuent les mêmes incredules, que la sainteté de l’Église fut démontrée par la sainteté de la vie des Ecclésiastiques, par les actions pieuses de ceux qui sont dans l’Episcopat. Or nous voions dans la vie des Papes, que pour un de vertueux, il y en a eu

trente