ne sauroit en lire l’histoire sans horreur. Il est donc certain, & on ne peut le nier sans nier les verités les plus claires de l’histoire, que les theologiens ont rendu, par leurs disputes sur les Dogmes, l’Univers malheureux, & que les Chretiens ont commence à disputer avec fureur sur ces dogmes, dès les premiers moments qu’ils ont pour ainsi dire respiré, & qu’ils ont eu quelque pouvoir. Ils n’ont été tranquilles, pendant les trois premiers siecles, que parceque les Payens ne leur donnoient pas le moyen de pouvoir persecuter ; à peine y eut-il un Souverain Chrétien, qu’ils ne se contenterent pas d’attaquer les Payens, mais qu’ils se firent entre eux une guerre cruelle.
Il n’y a pas de doute que Julien, qui avoit été à portée de connoitre l’esprit d’intolérance, qui regnoit parmi les Chrêtiens, la haine que portoient les deux differentes sectes qui les partageoient alors, n’eût compris que ces cruelles divisions ne pouvoient qu’entrainer la perte de l’Empire, comme en effet cela arriva dans la suite. Et sans doute c’étoit là une des principales raisons, qui le portoient à souhaiter la destruction du Christianisme ; la politique entroit autant dans ses projets, que le zele du Paganime, il faut convenir qu’à ne raisonner qu’humainement cet Empereur pensoit d’une façon très-juste.
On peut faire deux objections à ce que je viens de dire : la premiere c’est que si le Christianisme devoit necessairement détruire l’Empire, Dieu établissoit donc une Religion pernicieuse. La seconde,
