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l’être : secondement que c’est à l’esprit d’intolérance, qui a regne parmi les theologiens anciens & modernes, qu’on doit attribuer les plus grands malheurs & les plus funestes guerres. Rien n’est si aisé que d’établir invinciblement ces faits.

Sous Constance les Payens commencèrent à être privés d’une partie de leurs temples. Sous Theodose l’exercice de leur Religion fut entièrement supprime. On en vint dans la suite, jusqu’à punir de mort ceux qui l’exerçoient.

Les Chretiens ne se bornerent pas à persécuter les Payens, ils s’acharnerent les uns contre les autres, & selon qu’un parti fut protège par l’Empereur, il fit à l’autre les maux les plus cruels. Lorsque les Arriens, sous Constance, eurent du crédit, ils firent chasser de leur poste, emprisonner, battre, mourir les Orthodoxes, & quand, sous d’autres Empereurs, les Orthodoxes furent appuiés, ils traiterent aussi cruellement leurs adversaires.

L’esprit d’intolérance se perpetua dans le Christianisme. Sous Theodose le jeune, en Orient, les Nestoriens persécutèrent et furent persécutés tour à tour ; quelque tems après, en Occident, les Vaudois & les Orthodoxes se massacrerent mutuellement. Dans la suite les Hussites furent obligés de prendre les armes, pour se deffendre contre leurs adversaires. Les Protestans Lutheriens & Reformes vinrent enfin. On sait, depuis trois siècles, quels maux a causé à l’Europe l’intolérance & la division des Chretiens. On

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