Page:Argens - Julien l’Apostat - Deffense du paganisme par l’empereur Julien.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XLIX
SUR L'EMPEREUR JULIEN

sebe. Cette Princesse, qui avoit beaucoup d’amour pour les sciences, & un cœur tendre pour les malheureux, emploioit en faveur de Julien tout le pouvoir que sa sagesse et sa beauté lui donnoient sur l’Empereur. Mois il étoit à craindre, que son crédit ne pût tenir contre l’énorme puissance des ennemis de Gallus, & en particulier de l’Eunuque Eusèbe grand Chambellan, le plus dangereux de tous. Julien étoit soigneusement gardé, on épioit toutes ses paroles ; on eût voulu deviner ses pensées, pour lui en faire des crimes. Il étoit perdu sans ressource, s’il lui fut échappé quelque plainte. Il falloit qu’il cachât au fond de son ame, la vive douleur qu’il ressentoit de la perte de son frere & de ses propres malheurs. »

On voit actluellement si Julien avoit de justes raisons de dissimulation, & l’on apperçoit dans le passage, que je viens de rapporter. non seulement quel étoit l’état où il se trouvoit, mais encore combien Constance étoit un mauvais Prince.

J’observerai ici, au sujet des persécutions de Constance envers Julien, une chose qui marque clairement, que les voies, dont Dieu se sert pour opérer les plus grands événements, sont secretes & inconnues aux foibles mortels. C’est l’horrible caractere qu’ont eu les premiers Souverains, qui ont embrassé le Christianisme : ils étoient des tirans plus cruels que les Neron & les Caligula. Constantin commit, pendant tout le cours de sa vie, les crimes les plus épou-

vantables.
d