Page:Argens - Julien l’Apostat - Deffense du paganisme par l’empereur Julien.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XLVI
R E F L E X I O N S

jamais y consentir, & par un cas assés singulier, ce fut sous ses fils, Honorius & Arcadius, que commença l’entiere décadence de l’Empire romain. S. Augustin se crut obligé de prendre la deffense du Christianisme : il s’attacha à prouver, dans sa Cité de Dieu, que ce n’était pas à la cessation du culte des Dieux, qu’il fallait attribuer tes malheurs dont l’Empire étoit accablé ; mais les Payens lui repondoient : nous avons pour nous l’experience.

Après avoir montre que Julien a pu devenir payen, sans manquer à la probité, venons actuellement au reproche qu’on lui fait sur son hypocrisie : nous trouverons qu’il n’a aucun fondement.

J’établirai d’abord, que tout homme a le droit, pour conserver sa vie, d’user d’une dissimulation qui ne nuit à personne on ne sauroit nier ce principe, pris dans la nature même : & les Theologiens les plus rigides ne peuvent y trouvera redire, car loin de restraindre, comme je fais, la dissimulation à ne nuire à personne, je pourrois, si je voulois étendre la chose plus loin, & l’appuier de l’autorité des plus illustres Peres de l’Église, dire qu’il est permis de mentir lorsqu’il s’agit de conserver sa vie, quand même ce mensonge pourroit nuire à un tiers. S. Ambroise, S. Chrysostome ont loué la prudence d’Abraham, qui se disoit le frere, & non pas le mari de sa femme, craignant que le Roi d’Égypte ne le fit mourir ; cependant cette dissimulation exposoit la chasteté de Sara, que ce Prince devoit moins re-

specter