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XLV
SUR L'EMPEREUR JULIEN

ties : ils pretendoient qu’on ne pouvoit, sans s’aveugler volontairement, ne pas voir leur accomplissement. « Jamais on ne me persuadera,[1] dit un des plus beaux Genies de la Republique Romaine, que l’Oracle de Delphes eut reçu tant de presens des Rois, des peuples, & des particuliers, qu’il eut conservé pendant tant de siècles la veneration qu’on lui porte, si les évenemens n’avoient justifié ses prédictions : & le consentement universel que tous les peuples accordent à sa Divinité en est une preuve évidente. »

La durée du Paganisme, la prospérité dont Rome avoit joui, pendant qu’il avoit été la seule religion, paroissoient encore aux Payens des marques visibles de sa vérité. Quelque tems après la mort de Julien ils pretendirent tirer une nouvelle preuve des malheurs de l’Empire ; ils crurent qu’ils étoient causés par la cessation des sacrifices ; ils attribuerent la dévastation, & le démembrement des Provinces Romaines au prétendu sacrilege, qu’ils disoient qu’on avoit commis, en ôtant du Capitole la Statue de la Victoire : plusieurs Senateurs de Rome demanderent qu’elle fut replacée, l’Empereur Théodose ne voulut

jamais
  1. Defendo unum hoc. Nunquam illud Oraculam Delphis tam celebre et tam clarum fuisset, neque tantis donis refertum omnium populorum atque regum, nisi omnis ætas Oraculorum illorum veritatem esset experta. Cicero. de Divinat.lib.I.pag.23.