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que dès qu’une grâce efficace ne nous convainc point de la sainteté de notre religion, il est impossible de n’y pas trouver un nombre de choses qui nous revoltent, & qui nous paroissent aussi extraordinaires, que toutes celles que nous condamnons dans le Paganisme. S. Paul dit, que le Christianisme est un sujet de scandale pour les Juifs, & paroit une folie aux Payens.[1] Nous ne pouvons croire que par la foi, et la foi est le premier don de la grace. Si nous n’avons point la grace, comment aurons nous la foi ? Est-il possible que Julien put l’avoir, lui à qui la grace avoit manqué entièrement ? Si nous voions, dans S. Pierre péchant, l’exemple d’un juste à qui la grace manque, que pouvoit on esperer de Julien, à qui elle avoit été entièrement ôtée ? Est-il si étonnant qu’il soit tombé dans l’erreur, qu’il ait cru voir la vérité dans le Paganisme, et le mensonge dans le Christianisme ; sans la foi pouvoit-il n’être pas incredule aux misteres de la véritable religion, et ces misteres ne devoient-ils pas lui paroître, comme il le dit lui-même, des fables inventées, pour seduire le genre humain ? Ecoutons S. Paul, qui nous apprend que « Dieu a choisi les choses folles de ce monde pour rendre confus les sages. » Sed mundi stultissima Deus elegit, ut sapientes confutaret. Julien,

privé
  1. Nos autem prædicamus Christum crucifixum, Judæis quidem scandalum, Græcis vero stultitiam. Paul Epist. I. ad Corinth.cap.I.v.23.