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de l’Antiquité.[1] Mais cette reverie étoit prise de celles des Champs Elizées des Payens.

On sera peut-être étonné de voir combien les dogmes des premiers Peres ressembloient, en bien des choses, aux différentes sectes des payens. Ecoutons l’illustre Beausobre, il nous en dira la raison. Voici comment il l’explique, en parlant des sentiment que les premiers Peres (c’est à dire les premiers Docteurs chrêtiens) ont eu de la nature de Dieu. « L’Ecriture,[2] dit-il, ne s’expliquant point clairement sur ce sujet, les Docteurs suivoient le sentiment, qui leur paroissoit le plus probable, celui des Maîtres qui les avoient instruits, des Écoles philosophiques d’où ils sortoient. Un Epicurien, qui embrassoit la foi, êtoit disposé à revêtir la divinité d’une forme humaine, & à la définir, comme Epicure, un animal immortel & bienheureux. Un Platonicien au contraire soutenoit, à l’exemple de son Maitre, que Dieu est incorporel : un Pythagoricien, un Sectateur d’Empedocle. ou d’Heraclite croioit la divinité un feu intelligent, ou, ce qui revient à la même chose, une lumiere intelligente. Un autre s’imaginoit, que l’essence divine est une substance corporelle à la verité, mais subtile, éthérée, penetrant tous les corps. Un autre enfin croioit que

c’est
  1. Du Pin, Bibliotheque des Auteurs Ecclesiastiques. Tom.I. art. Papius pag. 160.
  2. Beausobre, Histoire des Manichêens, Tom.I. pag.207.