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mouvemens de ma conscience, en faisant ce qu’elle me dit de faire, & en ne faisant pas ce qu’elle me représente comme un mal.

Ma raison et ma Conscience sont deux présents, que j’ai reçus du ciel, pour me conduire dans toutes les actions de ma vie ; si je n’en fais pas usage. si je ne me conduis que par les impressions étrangeres, que par l’autorité des autres hommes, je me range au rang des plus vils animaux, puisque comme eux je deviens privé de la raison.

Mais, dira-t-on, en suivant le mouvement de vôtre conscience, vous pouvés vous tromper quelquefois. J’en conviens ; ce n’est pas cependant une raison pour que je ne la suive pas, car les autres hommes qui veulent me guider peuvent se tromper comme moi : il y a même apparence qu’ils ont ordinairement des raisons particulieres, qui les portent à me donner un conseil plûtot qu’un autre. Puisque Dieu m’a accordé les mêmes facultés qu’à eux, & que je sens beaucoup mieux les choses que me dicte ma conscience, que celles qu’ils veulent me persuader ; je dois naturellement, lorsque je suis parfaitement convaincu d’une opinion, la suivre, & ne pas me laisser séduire par une fausse honte. Si je suis persuadé, que le protestantisme est meilleur que le catholicisme, je deviens protestant ; si je pense que le protestant est dans l’erreur, je me fais catholique. Ainsi Julien, croiant fermement que le christianisme étoit un ramas de mensonges & de chimeres, pouvoit sans

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