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XXVII
SUR l’EMPEREUR JULIEN.

jamais criminelle, & que les hommes en matiere de religion ont pris pour juge la conscience.

Je demande, s’il est un protestant raisonnable, qui ose dire, qu’un homme, qui est convaincu que le catholicisme est meilleur que le protestantisme, est un malhonnête homme s’il devient catholique romain ? Je fais la même question a tous les Catholiques sensés. Je suis assuré, qu’ils plainderont l’erreur d’un catholique qui, par une malheureuse persuasion de la pretendue verité du protestantisme, devient protestant : mais aucun d’eux ne dira, que ce nouveau protestant se soit dèshonoré : les erreurs de la conscience sont des erreurs de bonne foi. Par consequent une opinion en matiere de religion, suivie dans la bonne foi et dans la pureté du cœur, ne peut jamais dèshonorer.

Si la conscience n’est point établie chés les hommes, pour regle de leur action, je demande quelle est donc celle qu’on établira ? Lorsque je suis convaincu que je dois faire une chose parcequ’elle est bonne, si je n’ose la faire : & si, lorsque d’un autre côté je suis persuadé qu’elle est vicieuse, j’ose l’entreprendre, fondé sur le sentiment que ma conscience ne peut être le juge de mes actions, que devient ma raison, qui doit être toujours l’interprête de ma conscience ? Je n’ai plus aucune règle pour me conduire dans la societé, il m’est impossible de pouvoir en pratiquer le premier précepte, qui est de ne faire à autrui ce que je ne voudrois pas qu’on me fit à moi même ; je ne puis executer ce précepte, qu’en suivant les

mouv-