Page:Argens - Julien l’Apostat - Deffense du paganisme par l’empereur Julien.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XIV
D I S C O U R S

au mépris[1] qu’il témoigna de la mort, à la constance avec laquelle il consola


ceux

    que toute l’armée accompagna jusques en la Ville de Tarse, ou il le fit laisser comme en depôt, avec une épitaphe, dans laquelle il est nommé très bon Roi & très-excellent guerrier. Ne sait on pas aussi que ce grand applaudissement avec lequel le même Jovien fut reçu de toute la Milice, lorsqu’il fut proclamé Empereur, ne procéda que de la ressemblance de son nom à celui de Julien, qui ne différoit que d’une lettre ? or il est certain qu’une bonne partie de cette milice étoit chrêtienne, ce que témoigne assés l’élection quelle fit d’un Prince de nôtre religion. D’où pouvoit donc partir un si grand témoignage d’affection pour la mémoire d’un idolâtre persécuteur des fidè1es, si nous ne l’attribuons aux vertus éclatantes & vraiement impériales qui ne laissoient pas de le faire aimer, & de le rendre recommandable. La Mothe le Vayer, de la vertu des Payem. Art. Julien. Tom. I. p. 696.

  1. "Julien, qui étoit dans sa tente prêt à rendre son ame, par les atteintes de sa blessure, qui lui faisoit perdre tout son sang, dit à ceux qui étoient de bout, tout tristes autour de son lit. Enfin mes Compagnons, le jour est venu que je dois sortir de cette vie ; pouvois-je souhaiter une heure plus favorable que celle-ci, en laquelle je paye de bonne volonte à la nature le tribut que je lui dois ? "