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considérer tout cet ensemble de choses comme un plan formé contre son autorité. En outre, les circonstances politiques où se trouvait le pays lui parurent assez graves pour nécessiter du calme dans les esprits. Il venait de reprendre les négociations avec le gouvernement français, tout se préparait dans l’Est d’Haïti pour la fusion désirée de part et d’autre, et ce n’était pas dans de telles circonstances, assurément, qu’on devait menacer « les étrangers de toutes les nations » de la déchéance d’une position acquise depuis la déclaration de l’indépendance. Aussi, le langage de Boyer en cette occurence fut incisif à l’égard de ceux qu’il soupçonnait d’entente entre eux, et les associations commerciales n’eurent point de suite. Ce fut fâcheux pour le pays, en les envisageant sous le seul aspect que présentait leur organisation, par celles qui s’étaient formées au Port-au-Prince et au Cap-Haïtien.

On peut, selon nous, dater l’origine de l’Opposition contre Boyer, dans la Chambre des communes, à propos des faits que nous venons de relater. On la verra éclater dans ce corps, renouvelé intégralement quelques mois après ; mais elle existait aussi dans le public, et on en verra la signification dans les individualités qui furent élues à la représentation nationale[1].

Au moment où la Chambre allait terminer les travaux de la session législative, le 9 novembre le Sénat, de son côté, adressait au Président d’Haïti un message délibéré à huis clos, où il lui exprimait son désir qu’il fût procédé à

  1. À ce sujet, nous ferons remarquer que l’Opposition prit naissance au Port-au-Prince même ; que Hérard Dumesle n’était pas membre de la première législature où elle commença à poindre ; que s’il devint membre de la deuxième législature, élue en 1822, il n’assista pas à la session de cette année dont nous parlerons bientôt. Et s’il devint, longtemps après, le chef de l’Opposition parlementaire, cela tient à des causes qui seront relatées plus tard.