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les étrangers, occasionna cette sorte de jalousie qu’on voit percer dans le discours de Saint-Martin, en termes âpres et sans déguisement, de même qu’on ne doit pas s’étonner que l’enceinte de la représentation nationale, dont le mandat allait expirer, devînt l’arène où ces aspirations pouvaient trouver de l’écho : les dernières paroles prononcées par ce représentant ne cachaient même pas « qu’en rentrant tous dans leurs foyers, ils seraient flattés de recevoir un témoignage d’intérêt de leurs concitoyens. » Le régime parlementaire le voulait ainsi.

Il faut savoir aussi que pendant le séjour de Boyer au Cap-Haïtien, le 13 mai, les commerçans nationaux du Port-au-Prince organisaient un « cercle du commerce haïtien ou société par actions » pour cette ville ; et que le 24 à leur exemple, ceux du chef-lieu du Nord installaient une « chambre de commerce national du Cap-Haïtien. » L’une et l’autre association avaient pour membres, des citoyens honorablement connus dans le commerce et dans l’ordre civil et militaire ; — au Port-au-Prince, Linard, président du cercle ; Jean Élie, vice-président ; J. Ardouin, Noël Piron et Savary, secrétaires ; Gayot, S. Arrault, Preston, Jeanton, etc.[1] ; — au Cap-Haïtien, le général Jacques Simon, président ; le général A. Dupuy, vice-président ; les citoyens Carvalho, Roubeaux, Charles Poux, Valentin Ricardo, Omer Maurice, etc.

À l’égard de cette dernière, nous lisons ces lignes insérées dans la Concorde du 3 juin, nº 4 : « Cette réunion, dirigée par le patriotisme, a pour but d’établir des relations régulières entre lesdits négocians et les commer-

  1. Doyen du tribunal de cassation, Linard fut élu sénateur le jour même où le représentant Pierre André prononça son discours ; Gayot également. Noël Pirou devint doyen du tribunal civil par l’élection de Gayot au sénatoriat.