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pacité ; parmi ces conditions il en est qui seraient restées toujours dans le domaine de l’arbitraire du gouvernement ; de là des intrigues pour obtenir ses faveurs, un système de corruption y de vénalité, etc., etc.

Dans la narration des faits passés en 1820, nous avons cité divers actes de Boyer tendant assurer au « commerce national » les avantages que les lois lui garantissaient, pour pouvoir lutter contre « le commerce étranger » établi dans la République, et notamment ses ordres à l’égard des encanteurs publics et ses instructions aux commandans d’arrondissemens et de places[1]. Mais nous avons parlé aussi du Mémoire que lui présentèrent les commerçans haïtiens du Port-au-Prince, à son retour du Sud après la pacification de la Grande-Anse, contenant des considérations étendues non-seulement sur le commerce, mais sur l’agriculture : mémoire publié dans l’Abeille haïtienne et dont la rédaction fut attribuée à Milscent[2]. À ce sujet, nous nous avons dit que l’esprit public, dans la capitale, subissait l’influence de quelques personnes qui semblaient créer une certaine opposition au Président.

D’un autre côté, la situation relativement prospère du pays après la réunion du Nord et la compression des dernières conspirations, la perspective de la prochaine incorporation de la partie de l’Est, l’extension que prenait le commerce français en Haïti et l’établissement de plusieurs Français dans divers ports : tout concourait naturellement à exciter le désir de voir les nationaux en possession de tous les avantages possibles et sous tous les rapports. Il n’est donc pas étonnant que la rivalité des intérêts entre eux et

  1. Voyez pages 421 et 423 du 8e volume de cet ouvrage.
  2. Voyez page 420 du dit volume.