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pirer ; — ils furent soumis au vote du Sénat qui appela le général Boyer, son ami et son élève, à le remplacer dans la première magistrature de l’Etat ; — la pacification de la Grande-Anse fut opérée par le nouveau Président avec autant d’intelligence et d’activité, que de généreuse indulgence envers des hommes égarés depuis longtemps ; — enfin, la cessation de la guerre civile s’effectua par une pacification encore plus glorieuse, par la réunion spontanée des citoyens des départemens de l’Artibonite et du Nord sous l’égide de la constitution républicaine, prévalant sur le système monarchique de Henry Christophe, qui fut réduit à se suicider.

Dans cette dernière circonstance, si heureuse pour le pays, le successeur du grand citoyen qu’il pleurait, se plut à montrer, comme Pétion, de louables sentimens, à donner de nobles exemples de modération et de bienveillance envers ses frères et concitoyens, qui lui concilièrent les cœurs de l’immense majorité parmi ceux qui avaient le plus souffert de l’oppression. Par cette conduite, Boyer acquit de nouveaux titres à l’estime que déjà il avait obtenue dans les départemens de l’Ouest et du Sud.

Tous ces faits honoraient la République. En outre, sa situation était prospère en agriculture, en commerce et en finances ; elle avait une armée de 50 mille hommes disciplinés, aguerris, et une flotille importante. Tout était donc de nature à frapper les esprits dans le territoire voisin, dont les habitans, en secouant le joug étranger en 1808, avaient été en quelque sorte contraints de se replacer sous la domination de leur ancienne métropole[1]. Ces habitans devaient d’autant plus ressentir les effets de

  1. Voyez-en les causes aux pages 255 et 256 du 7e volume de cet ouvrage.