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nous voulons être dignes de nous, dignes de là patrie qui nous donna le jour et que nous avons illustrée, dignes enfin des peuples libres et indépendans de la terre !

Aux Haïtiens seuls est réservée la défense de la patrie ! aux Haïtiens seuls appartiennent sa gloire et ses périls ! En résulterait-il donc, qu’après avoir vaincu et chassé l’ennemi de leur territoire, que des trafiquans d’outre-mer, à leur détriment, viendraient leur disputer le fruit de leurs travaux, fruit qu’ils ont gagné au prix de leur sang ? Aux Haïtiens seuls doit appartenir la rose… Hélas ! ils n’en ont que les épines.

Si nous établissons une comparaison entre les consignataires étrangers et les hommes qui nous ont si longtemps opprimés, nous verrons que ces derniers, dans le plus grand nombre, recueillaient des richesses immenses par le produit de notre sol, et qu’aujourd’hui tout sert à la prospérité des usurpateurs trafiquans, et nos ressources et le concours des commerçans de pays étrangers, lorsque des expéditions du dehors laissent des pertes, elles ne donnent pas moins de grands bénéfices aux consignataires par le prélèvement de leurs commissions. Il en résulte donc que, ne pouvant nous maîtriser de front, on nous soumet encore à un joug qu’il est malheureux de devoir appeler : le système colonial de commerce. Ce système odieux ne s’est établi qu’à la faveur de circonstances impérieuses, et la roue des événemens doit le faire disparaître devant l’éclat dont brille en ce moment l’étoile d’Haïti !

Répétons avec l’orateur patriote qui a levé l’étendard de l’indépendance commerciale dans la République, que nous devons prouver aux peuples des deux hémisphères, qui viennent nous visiter dans des vues d’échange de marchandises et des produits de l’industrie, que la civilisation a fait