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bytère où ils logaient. Il eût sans doute désiré de remplacer ce prêtre dans la cure de la capitale, en vertu de son pouvoir spirituel ; mais le Président n’entendait pas renoncer en sa faveur au pouvoir qu’il tenait de la constitution, de nommer aux cures des paroisses de la République. Il le devait d’autant moins, qu’il n’avait pas demandé au Pape l’envoi d’un évêque à Haïti, e qu’il avait à l’égard de M. de Glory de sumsans motifs de s’en défier, en outre des renseignemens qui lui étaient parvenus sur son compte. S’il l’avait admis malgré ces renseignemens, ce prélat semblait prendre à tâche de l’en faire repentir.

En effet, durant l’absence du Président de la capitale, sa lutte avec le marguillier et le conseil de notables prit un caractère scandaleux ; son irritabilité personnelle s’était accrue par la résistance qu’il rencontra de la part de certains curés de paroisses éloignées, et parce qu’il ne pouvait exercer son pouvoir dans sa plénitude. Dans cette disposition d’esprit, il se décida à rendre un mandement contre l’abbé Jérémie, qui était encore dans le Nord : avisé de cela, ce prêtre s’empressa de revenir à la capitale. Mais déjà il était survenu, parmi une partie des paroissiens un revirement d’opinions qui servit à égarer davantage le jugement de l’évêque. Les personnes qu’on avait qualifiées du nom de Marionnettes, pendant le schisme antérieur que l’abbé Jérémie avait fait cesser,[1] s’éloignèrent de ce prêtre et passèrent dans le camp de M. de Glory, tandis que les Gasparites lui restèrent attachés, parce qu’il était le curé de la paroisse, nommé par le Président dont il possédait la confiance. Un sentiment instinctif de patriotisme guidait ces derniers qui se défiaient de « l’évêque français, »

  1. Voyez, aux pages 414 et suivantes du 8e volume de cet ouvrage, ce qui a été dit sur le schisme religieuz que l’abbé Jérémie fit ceseer.