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la fille de votre immortel prédécesseur, auxquelles nous promettons le plus tendre souvenir.

Je laisse au Cap une partie de ma famille et celle de mon feu mari ; je les recommande à toute votre bienveillance.

Je mets sous votre puissante sauvegarde et sous celle de l’honneur de mes concitoyens qui m’ont accueillie avec tant de bienveillance, et la maison que je possède depuis longues années au Cap, et celles que mes filles et moi avons acquises et payées comptant aux domaines, lors des ventes qui en ont été faites par l’État.

Pensant que les importantes et nombreuses occupations du chef de l’État, mon puissant ami, ne lui permettraient pas de régir pour moi ces diverses propriétés, j’ai donné ma procuration au général Magny.

Je prie Votre Excellence de l’appuyer de toute sa protection à cet effet. Une grande infortune ne peut intéresser qu’un grand homme ; les indiscrétions que la mienne me met dans le cas de commettre seront, à ce titre, mises par vous au chapitre des exceptions auquel elles appartiennent.

Je le répète, Président ; dans nos malheurs, vous vous êtes montré notre protecteur, notre ami, notre frère, et ces titres m’ont portée à vous demander ces nouveaux et importans services : je sais que vous me les rendrez.

Je suis avec respect. Président, de Votre Excellence, la très-reconnaissante concitoyenne et amie,

Signé : Veuve Henry Christophe.

Cette lettre, pleine de convenance, de sentiment et de dignité, fait autant d’honneur à la mémoire de la Veuve de Christophe et de ses filles qu’à celle de Boyer. En la lisant, on sent que c’est le cœur d’une femme qui l’a dictée, que c’est sa main qui l’a tracée. On y reconnaît la haute position que ces personnes ont occupée dans le pays, la grandeur dont elles furent toujours entourées auprès de l’homme qui en aimait le faste, sans doute, mais qui savait bien soutenir son rôle. Ce témoignage rendu aux procédés généreux du chef de la République prouve aussi que cette forme