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mesures appropriées aux circonstances, Boyer se décida à passer lui-même quelques semaines en repos à la campagne ; il en fit donner l’avis au public par le secrétaire général, dès le lendemain de son retour à la capitale. Toutefois, l’expédition des affaires ne devait pas en souffrir, et les trois grands fonctionnaires restèrent chargés, chacun dans ses attributions, de faire parvenir au Président la correspondance y relative et les réclamations des particuliers, afin de recevoir ses ordres. Cette disposition de sa part n’était pas chose inutile ; car il allait, pour ainsi dire, se retremper pour mieux remplir son devoir envers le pays dans les événemens qui allaient surgir.

Ce fut dans cette circonstance que la Veuve de Henry Christophe prit la résolution de quitter Haïti avec ses deux filles, pour se rendre en Angleterre. Depuis qu’elles étaient venues du Cap-Haïtien au Port-au-Prince, elles avaient été constamment l’objet des attentions délicates du Président, et de sa famille, qui les voyaient souvent, comme pour les consoler dans leur malheur ; et il paraît qu’elles trouvaient dans les procédés de Célie Pétion surtout, le témoignage d’un cœur sensible qui comprenait sa position particulière à leur égard. Ces personnes intéressantes pouvaient donc continuer à habiter leur pays natal sous des auspices aussi favorables ; mais Madame Christophe ayant été assez bien avisée pour faire placer des fonds en Angleterre, dans le temps de la plus grande prospérité de son royal mari, elle reçut, dit-on, des philanthropes de ce pays qui avaient été en correspondance avec lui, le conseil de s’y rendre, en même temps que des négocians anglais, établis au Cap-Haïtien, l’y engageaient[1]. Ses demoiselles, sa fille aînée

  1. On a dit que Mme Christophe possédait 70,000 piastres dans les fonds publics en Angleterre. La Concorde du 24 février 1822, nº 8, fit mention d’un jugement de la Cour