Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’hommes peu commune sur la surface du globe. Ce peuple, naguère si infortuné y après avoir bu à longs traits dans la coupe de la liberté, réfléchit qu’il se doit au travail qui est la destination de l’homme sur la terre ; il s’y livre : les besoins, la nécessité, l’espoir d’une amélioration à son sort, la liberté, la propriété, tout l’invite à faire couler ses sueurs pour lui-même. »

Sachant le concours que trouvent les gouvernemens dans les sentimens religieux, pour apaiser les troubles civils et fortifier l’esprit humain dans la soumission aux lois, en partant de la capitale pour se rendre à Saint-Marc et dans le Nord, le Président avait invité l’abbé Jérémie à le suivre, afin de faire des prédications aux populations dans chaque ville ou bourg. Ce prêtre remplit cette mission au gré des désirs de Boyer. Mais, comme le Président ne s’était pas adressé à l’autorité épiscopale de M. de Glory pour en obtenir son agrément, qu’il ne l’avait qu’averti de cette disposition, cet évêque commença à prendre de l’ombrage avec d’autant plus de facilité, qu’il voyait dans le choix du Président un témoignage de confiance et de considération pour l’ecclésiastique qui était son antagoniste. De son côté, l’abbé Jérémie fut naturellement porté à se prévaloir de cette distinction, à l’égard du vicaire apostolique qui eût mieux aimé, sans nul doute, désigner un des prêtres venus avec lui pour aller remplir cette mission évangélique. Dans cette disposition respective de l’un et de l’autre, un éclat était inévitable.

Une autre idée, un autre devoir préoccupa le Président dans son voyage dont le but principal était de rétablir la tranquillité publique dans les départemens de l’Artibonite et du Nord : ce fut de fonder des écoles dans la plupart des villes, pour procurer l’instruction gratuite à la jeunesse