Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tous les citoyens. Une recommandation particulière fut adressée aux troupes de l’Ouest et du Sud, commandées par le général de brigade Marion, qu’il allait laisser en garnison au Cap-Haïtien, de se bien conduire pour tracer l’exemple à celles du Nord, par leur respect pour les lois, leur exactitude dans le service et leur obéissance à leurs chefs[1].

Ces dispositions étant prises, Boyer quitta le Cap-Haïtien et se porta dans les arrondissemens du Borgne, du Port-de-Paix et du Môle, d’où il revint, comme à son premier voyage, par ceux des Gonaïves et de Saint-Marc, au Port-au-Prince, où il entra le 12 juin. Dans le cours de ce voyage, l’autorité du gouvernement s’était raffermie dans le Nord comme dans l’Artibonite, et les deux autres départemens jouissaient de la plus parfaite tranquillité. Pour donner plus de poids à notre assertion, citons ici quelques lignes d’un article Intérieur du journal la Concorde, du 27 mai, n° 3 :

« Une réflexion se présente ici qui est tout à l’avantage du caractère haïtien. Depuis le jour mémorable de l’entrée du Président au Cap-Haïtien (le 26 octobre 1820), aucun meurtre n’a été commis, aucune vengeance particulière n’a été exercée. Nos routes, les défilés de nos montagnes sont aussi sûrs que le séjour de nos villes : ce qui prouve que les Haïtiens ont un fond de bonté qui leur est naturel, et qui, dirigé vers le bien, fera de cette nation une communauté

  1. Le général Marion passa quelques mois en garnison au Cap-Haïtien. Il eut occasion d’y connaître la Veuve de J.-B. Chavanne qui vivait encore, après avoir assisté à tous les événemens qui se succédèrent dans le Nord depuis le glorieux martyre de son mari. Cette courageuse femme avait respecté la mémoire de Chavanne eu soutenant son existence et celle de sa famille par nue honnête industrie. De retour aux Cayes, Marion y recueillit une souscription de 518 gourdes que firent quelques citoyens en faveur de cette Veuve, et il la lui adressa avec une lettre du 28 novembre. Elle y répondit en témoignant sa vive reconnaissance. Ce fait honora Marion et les citoyens qui y concoururent.