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au Port-au-Prince, en 1816, vous bien convaincre que le gouvernement de la République ne faisait qu’interpréter l’inébranlable volonté du peuple, en demandant que la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti, de la part de S. M. T. C., fut pure et simple ; car la prospérité du pays et l’honneur national ne permettent pas qu’il soit porté la moindre atteinte à cette indépendance, soit en admettant la suzeraineté directe ou indirecte soit en se plaçant sous la protection d’aucune puissance quelconque. À cet égard, mon prédécesseur s’est trop bien ouvert aux commissaires du Roi de France, du nombre desquels vous faisiez partie, pour qu’il soit nécessaire d’entrer aujourd’hui dans d’autres explications.

C’est au moment où la République jouit de la paix intérieure, où elle est fréquentée par le commerce de toutes les nations, que la question de la reconnaissance de son indépendance, est, de nouveau, vivement agitée ; et c’est pour donner au monde entier une preuve de la loyauté haïtienne, de mon amour pour la concorde, que je serai disposé à faire revivre l’offre d’une indemnité raisonnablement calculée, qu’avait faite mon prédécesseur à l’époque de la première mission que la France envoya ici, et qui fut écartée en 1816[1], dans le cas que S. M. T. C. reconnaîtrait la nation haïtienne, comme elle l’est de fait, libre et indépendante. Alors, le commerce français pourra être, en Haïti, traité sur le pied de l’égalité avec celui des nations qui y sont le plus favorisées ; mais il sera bien entendu que la République d’Haïti conservera une neutralité parfaite

  1. Ecartée d’après le plan proposé alors par MM. Fontanges et Esmangart, suivant leur lettre du 10 novembre 1816 à Pétion. Voyez aux pages 247 et suivantes du 8e volume de cet ouvrage.