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nement du Roi avait appris la réunion du Nord à la République ; qu’il n’ignorait pas ses bons procédés envers le commerce français ; que le changement survenu à Saint-Domingue devait contribuer à aplanir les obstacles qui s’opposaient encore à un arrangement entre les deux pays ; que si lui, M. Esmangart, connaissait d’une manière positive les intentions de Boyer, il eût fait des démarches dans ce but ; que c’était pour les connaître qu’il envoyait auprès de lui M, Aubert, à qui le Président pouvait accorder toute sa confiance ; et, enfin, qu’il s’estimerait heureux d’avoir concouru à la conclusion d’une affaire qui procurerait à son pays la paix intérieure et extérieure. »

M, Dupetit-Thouars n’était pas moins diplomate, en ce qu’il prodiguait l’Excellence à Boyer qu’il traita aussi de Monseigneur. Mais il lui disait loyalement ce qui était vrai : « Aussitôt que la nouvelle de l’heureux changement que V. E. venait d’opérer dans l’île fut parvenue en France, M. Esmangart quitta sa préfecture et se rendit à Paris. Là, par un rapport qu’il fit, il provoqua la réunion du conseil du gouvernement auquel il fut appelé. Les intérêts des deux pays furent discutés avec une égale impartialité. Tous les avis se réunirent, et le conseil se prononça en votre faveur… (en ce sens, qu’il ne fallait employer aucune violence à l’égard d’Haïti). » Paraphrasant ensuite la lettre de M. Esmangart son envoyé raisonna pour prouver tous les avantages qui résulteraient d’un traité entre la France et son ancienne colonie, toute la gloire que Boyer en recueillerait : — les prétentions de la France étaient modérées et justes, les bases du traité devaient être honorables pour les deux pays, mais on ignorait quelles étaient les intentions du Président : « C’est une con-