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bellion et quelques sous-officiers, reconnus également coupables par le conseil, subirent le même sort.

Durant le temps mis à l’arrestation du grenadier, le général Magny avait fait avancer toutes les troupes de la garnison, et il ordonna aux 1er et 2e régimens de mettre bas les armes : ce qui eut lieu sans résistance. Environ 400 hommes furent arrêtés et mis en prison. L’ordre et la tranquillité furent complètement rétablis dans la ville. Le soir du même jour, la Franchise et deux autres garde-côtes, sous le commandement de Morette, partirent pour Léogane, où le général Romain et sa famille furent débarqués le 18 avril. Le Président envoya au général Gédéon des instructions pour les traiter avec bonté.

Mais l’insubordination, la rébellion des 1er et 2e régimens d’infanterie avait été trop flagrante, pour ne pas entraîner une mesure de rigueur à leur égard : le 18, un ordre du jour du Président d’Haïti déclara que ces deux corps étaient rayés du tableau de l’armée de la République, pour cause de sédition. Néanmoins, cet acte permit à ceux des militaires de ces corps, qui ne s’étaient pas joints aux séditieux, de se présenter dans les dix jours par devant le général Magny, pour recevoir une nouvelle destination : il complimenta les autres troupes et la garde nationale du Cap-Haïtien sur leur bonne conduite en cette circonstance. Les officiers des deux régiments, punis par la perte de leurs drapeaux, furent sensibles à cette sévérité exigée par la discipline ; ils essayèrent vainement déporter Boyer à revenir sur la mesure. En les consolant par des paroles bienveillantes, il leur fit savoir qu’ils continueraient à jouir de leur solde d’activité, et que le général Magny les emploierait successivement, d’après les instructions qu’il lui avait données.

Le Président ne négligea pas de faire payer un mois de