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RÉSUMÉ DE LA QUATRIÈME ÉPOQUE.

De grands résultats politiques avaient été le fruit de la sage administration de Pétion, au début de celle de son successeur. Pénétré des vues élevées de ce grand citoyen, Boyer, marchant sur ses traces, réalisa avec intelligence l’unité haïtienne qui devait nécessairement amener l’unité territoriale, pour compléter l’œuvre de l’indépendance nationale. En même temps, les esprits, dans l’Est d’Haïti, étaient excités à opérer un changement dans la situation de cette partie de l’île, lequel ne pouvait être autre que celui désiré depuis longtemps pour le bonheur de tous ses habitans. Mais adoptant une politique expectante, Boyer voulut, avec raison, que cet événement s’effectuât par le concours de la grande majorité des volontés : cette temporisation même devait le faciliter.

Pendant qu’il préparait ainsi ce qui allait accroître la force de la nation et la recommander à l’étranger, dans le Nord et dans l’Artibonite des factieux méditaient une nouvelle division du territoire qui ne pouvait que l’affaiblir. Ce rêve insensé n’avait aucune chance de succès ; aussi la faction fut-elle de suite comprimée par la vigilance patriotique des braves lieutenans du chef de l’État. Celui-ci n’eut plus qu’à exercer des actes de clémence envers des esprits égarés, après la juste punition des coupables. Le calme se rétablit.

En ce moment même, un évêque arriva de France sans avoir été désiré ni sollicité à venir à Haïti. Bien qu’il fût avisé que ce prélat ne pouvait être qu’un agent politique envoyé sous le manteau de la religion, Boyer l’admit à exercer ses fonctions pastorales, afin de prouver, sans doute, que