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parée. Cette acceptation a amené la paix entre Haïti et la France ; elle a constitué réellement un traité provisoire, dont les clauses subséquentes devaient effacer ce qu’il y avait d’ambigu dans celle de l’ordonnance, de blessant pour la dignité et l’honneur de la jeune République, d’exorbitant dans le chiffre de l’indemnité.

Tel était le juste espoir du gouvernement haïtien, et l’on a vu comment M. de Mackau se prit pour l’inspirer, pour exciter la confiance en Charles X et en son ministère : nous venons de dire que, par ses paroles prononcées à la chambre des députés, M. de Villèle avait approuvé et justifié les explications de cet officier de marine. Alors même que le ministre n’eût pas rendu cet hommage à la vérité des faits, les actes du Président d’Haïti, ceux du Sénat, les discours prononcés, avaient tous fait entendre au gouvernement français, qu’on considérait l’ordonnance comme ayant « reconnu l’indépendance nationale d’Haïti, » sous la forme imaginée de la concession royale : par là, on protestait d’avance contre toute fausse interprétation de l’ordonnance elle-même, contre toute réserve que l’on prétendrait y avoir intentionnellement faite à l’égard de la souveraineté du nouvel État, notamment dans les dispositions de l’art. 3, qui concédait, sous la condition de l’exécution des deux autres articles, la simple « indépendance de son gouvernement. »

Cependant, si la France venait à méconnaître la loyauté que montra Haïti, à abuser de la confiance qu’elle avait mise dans les paroles de son envoyé, eh bien ! on prendrait patience, on attendrait, on mettrait le temps à profit pour l’exécution de l’ordonnance. Si, abusant ensuite de sa puissance, oubliant qu’en sa qualité de grande nation civilisée dont les idées et les principes révolutionnaires avaient