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Sauf cet incident, le banquet eut un entrain joyeux qu’augmentaient l’amabilité des Français et leur excellent vin de Champagne. Le représentant J. Élie y chanta un hymne à l’Indépendance, en six strophes, composé par le jeune poëte haïtien, J.-B. Romane[1]. Enfin, immédiatement après le banquet, un bal brillant eut lieu dans le même local. Les dames haïtiennes vinrent prendre part à la joie commune, en initiant les officiers français aux séduisantes cadences du Carabinier, cette danse nationale où elles déploient tant de grâces. Une illumination générale rendait la capitale fort gaie.

M. de Mackau et les amiraux Jurien et Grivel avaient trop de bon goût, ils étaient trop bons Français, pour ne pas répondre à ces démonstrations de satisfaction. Quelques jours après, ils invitèrent les grands fonctionnaires les généraux, les sénateurs, les représentans, les personnes les plus notables parmi les magistrats et les fonctionnaires, publics, les commerçans nationaux et étrangers, à assister à un banquet somptueux qui fut donné sur le vaisseau-amiral, et à la suite duquel il y eut aussi un bal où les dames haïtiennes se réunirent, sur l’invitation empressée de ces officiers.

Après toutes ces fêtes, il y avait encore certaines choses à régler ou à convenir entre les gouvernemens de France et d’Haïti, et dont la prévoyance du premier avait chargé

  1. Voici la première strophe :

    Le monde a salué tes fils,
    Soleil, c’est aujourd’hui ta fote.
    Vois Haïti mêler le lys
    Aux palmes qui couvrent sa tête.
    Partage nos transports joyeux
    En ce jour de réjouissance :
    La France a comblé nos vœux ;
    Vive Haïti ! Vive la France !

    Le même auteur fit une épitre en vers qu’il adressa à Charles X ; M. de Mackau s’en chargea.