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tale et par les garde-côtes de la République mouillés dans la rade. Tous les navires de guerre, français et haïtiens, furent pavoises au premier coup de canon tiré par chacun d’eux. Cette manœuvre et cette salve de part et d’autre furent, sans contredit, la partie la plus brillante de cette cérémonie. Elle se termina, pour la journée, par un Te Deum chanté à l’église paroissiale et auquel le cortége entier assista, en sortant du palais pendant les salves. Les trois grands fonctionnaires s’y joignirent, mais le Président d’Haïti resta en son palais.

Immédiatement après le Te Deum, on publia la proclamation qui suit, adressée au peuple et à l’armée par le Président d’Haïti :


xxx « Haïtiens !

» Une longue oppression avait pesé sur Haïti : votre courage et des efforts héroïques l’ont arrachée, il y a vingt-deux ans, à la dégradation, pour l’élever au niveau des États indépendans. Mais il manquait à votre gloire un autre triomphe. Le pavillon français, en venant saluer cette terre de liberté, consacre en ce jour la légitimité de votre émancipation. Il était réservé au monarque, aussi grand que religieux, qui gouverne la France, de signaler son avénement à la couronne par un acte de justice qui illustre à la fois et le trône dont il émane et la nation qui en est l’objet.

» Haïtiens ! une ordonnance spéciale de S. M. Charles X, en date du 17 avril dernier, reconnaît l’indépendance pleine et entière de votre gouvernement. Cet acte authentique, en ajoutant la formalité du droit à l’existence politique que vous aviez déjà acquise, légalisera, aux yeux du monde, le rang où vous vous êtes placés et auquel la Providence vous appelait.