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Mackau et la lettre ci-dessus de Boyer. Le 9, à midi, la flotte entière arriva et jeta l’ancre dans la rade extérieure du Port-au-Prince ; elle forma deux lignes qui s’étendaient jusqu’en face du fort Bizoton. Ainsi, quand on a prétendu, à l’étranger comme en Haïti même, que ce fut la présence de ces navires de guerre, dans le port, qui décida Boyer à accepter l’ordonnance, on a avancé une assertion démentie par les faits que nous venons de relater. Ce sont les explications écrites de M. de Mackau et l’offre qu’il fit de rester en otage qui le déterminèrent.

Dès le 8, par ordre du Président d’Haïti, le secrétaire général fit publier un programme de la cérémonie projetée, qui devait avoir lieu le 11. Il n’y était fait mention que de M. de Mackau ; mais les deux amiraux étant arrivés le 9, ils réclamèrent du gouvernement de participer avec leurs officiers à toutes les circonstances de cette cérémonie : on condescendit à leur désir[1]. En conséquence, le 10, le secrétaire général fit publier un supplément au programme dont s’agit, et qu’il arrêta de concert avec M. de Mackau et l’amiral Jurien, commandant en chef de la flotte[2].

Nous avons dit que, dans le public, on s’était attendu à une rupture complète entre le gouvernement et l’envoyé français, puisqu’on savait que Boyer avait autorisé les commissaires à repousser l’ordonnance. Mais les deux entretiens qu’il eut ensuite avec M. de Mackau, le 5 et le 6 juillet dans la soirée, et qui parurent entourés d’un certain

  1. Peu d’heures après leur arrivée en rade, les deux amiraux débarquèrent et se rendirent auprès de M. de Mackau, qui alla les présenter au général Inginac : ils furent présentés au Président dans la matinée du dimanche 10 juillet.
  2. L’amiral Jurien avait figuré dans l’expédition de 1802 ; l’année suivante, il commandait la frégate la Franchise, au Petit-Goave, quand Lamarre s’empara de cette ville en expulsant la garnison française. (Tome 5 de cet ouvrage, page 389). M. Jurien se rappela qu’il avait une fille naturelle avec une dame de cette ville ; il s’informa d’elles, et elles vinrent le voir au Port-au-Prince où il les accueillit, en laissant à sa fille des témoignages de sa générosité.