Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au chef de la République. Nous le présumons cependant, parce que le Saint-Père a dû motiver l’envoi qu’il faisait de l’évêque, sur les dispositions de notre constitution qui prévoyaient le cas où le Président lui en demanderait un.

Quoi qu’il en soit, par les faits que nous venons de relater, M. de Glory était bien en possession de son vicariat, sinon de son siège épiscopal. En vertu du titre de « vicaire apostolique d’Haïti » qu’il prit, il ne relevait que de la Cour de Rome, de même que les anciens « préfets apostoliques » qui avaient la juridiction spirituelle dans le pays, où il n’y eut jamais un siège diocésain. Nous ignorons encore si, à cette époque comme longtemps après, Boyer connaissait bien la différence qui existe entre un « évêque diocésain » et un « évêque vicaire apostolique ; » mais il sentait sans doute la nécessité d’établir dans la République, la hiérarchie ecclésiastique pour régler les affaires religieuses, et il aura admis M. de Glory par ce motif surtout, quels que fussent les avis qu’il venait de recevoir[1].

Si tel fut son désir, ce prélat ne tarda pas à le porter à réfléchir sur sa condescendance. L’église, et le presbytère encore plus, ne désemplissaient pas de fidèles accourus de toutes parts ; tout était nouveau pour eux dans la présence d’un évêque officiant selon le rituel du catholicisme. Afin de mieux frapper les esprits, ce dernier procéda peu après, aux cérémonies pompeuses de l’Ordre, qu’il conféra aux jeunes diacres venus avec lui : l’engouement devint extraordinaire. Fort de sa position, le vicaire apostolique considéra le marguillier de la paroisse, et le conseil

  1. Suivant le Télégraphe (journal officiel), le Président fît payer, par le trésor public, les frais da voyage de M. de Glory. Entré eu fonctions, celui-ci fît une lettre pastorale datée du Port-au-Prince, le 31 mars ; il l’envoya publier à Paris, à l’insu du gouvernement, sur l’un des journaux religieux de cette ville ; et au mois d’août suivant, le Télégraphe mentionna ce fait.