Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/354

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la flotte qui devait être déjà rendue à proximité de ses côtes et même de la baie du Port-au-Prince[1].

Mais voyant que cette déclaration soulevait en Boyer l’honorable sentiment que le Président d’Haïti devait éprouver, M. de Mackau lui dit : que ces moyens lui répugnaient tellement à lui-même que, pour éviter d’en faire usage, il lui offrait de rester seul en otage auprès de lui, comme garant de toutes ses assertions. C’est alors seulement que Boyer, prenant sa main, lui dit : « Non, Monsieur le Baron, la parole d’un officier français me suffit. J’accepterai l’ordonnance du Roi, si vous me donnez, par écrit, des explications suffisantes[2]. » Il fut convenu alors que M. de Mackau reviendrait avec elles au palais, dans la soirée du 7, parce que le Président voulait y convoquer dans l’après-midi, un certain nombre de fonctionnaires publics pour les consulter.

En effet, ils se réunirent en conseil privé dans le pavillon isolé au milieu du jardin du palais. Après leur avoir parlé des conférences qui avaient eu lieu entre M. de Mackau et les commissaires haïtiens (ceux-ci étaient présens) et avec lui-même, Boyer, les ayant certainement disposés à ce qu’il désirait, laissa ce conseil privé sous la présidence du secrétaire d’État Imbert, afin que les opinions pussent se manifester plus librement, sur trois questions écrites par lui-même qu’il soumit à leur examen. Voici le résumé des opinions émises par le conseil :

  1. Ces moyens coercitifs devaient se borner au blocus de nos ports ; mais la guerre en eût été le résultat, et M. de Mackau savait que son gouvernement n’en voulait pas depuis longtemps : de là tous ses efforts pour convaincre Boyer de la sincérité de Charles X.
  2. Ces paroles de Boyer ont été rappelées dans le rapport de M. de Mackau. À mon retour à Haïti, je dis au Président comment cet officier avait parlé de lui et de cette affaire de 1825 ; il en fut extrêmement satisfait, et il me dit : « Beaucoup de mes concitoyens n’ont pas été aussi justes envers moi ! » C’est vrai ; mais s’il eût agi en cette circonstance comme Pétion, ses concitoyens l’auraient entendu discuter, soutenir leurs droits.