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Il se peut, en effet, que cette considération ait été d’un grand poids aux yeux du ministre des finances qui contribuait avec ses collègues, dans la même année 1825, à faire voter un milliard d’indemnité en faveur des émigrés, et qui allait imposer à Haïti cent cinquante millions d’indemnité en faveur des anciens colons de Saint-Domingue.

Quoi qu’il en soit, le 17 avril, une ordonnance à cet effet fut signé par Charles X ; elle fut confiée à M. de Mackau, gentilhomme de la chambre du roi et capitaine de vaisseau, pour la porter à Boyer et lui proposer de l’accepter.

Cet officier s’embarqua sur la frégate la Circé et partit de Rochefort le 4 mai ; il se rendit à la Martinique d’où il partit le 25 juin, avec le brig le Rusé et la goélette la Béarnaise, en laissant l’ordre du ministre de la marine et des colonies, pour que les amiraux Jurien de la Gravière et Grivel le suivissent quelques jours après, avec leurs escadres qui se composaient des vaisseaux l’Eylau et le Jean-Bart, de six frégates, une corvette et deux brigs.

Le dimanche 3 juillet, le Rusé, la Circée et la Béarnaise entrèrent et jetèrent l’ancre dans la rade extérieure du Port-au-Prince[1]. Les autres navires des deux escadres arrivèrent quatre ou cinq jours après, dans le petit golfe de l’Ouest et s’y tinrent en louvoyant.

Dès son arrivée, M. de Mackau adressa à Boyer la lettre qui suit ; un officier de la frégate l’apportait à terre et la

  1. Après l’effet produit en Haïti par l’acceptation de l’ordonnance de Charles X, un plaisant a dit : que le roi de France, pour mieux prendre Boyer dans ses filets, lui avait envoyé une Magicienne (la Circé) escortée de la Ruse et de la Béarnaise qui figurait en cette occasion comme le représentant de son aïeul Henri IV, dont l’habileté et la finesse lui valurent tous ses succès. — La Circé portait pavillon haïtien à son mât de misaine, venant eu parlementaire