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dal. Ils n’envisageaient qu’avec répugnance et dédain ce système bienfaisant d’égalité qui les plaçait, devant la loi, sur la même ligne que ceux qu’ils s’étaient habitués à regarder au-dessous d’eux… »

On ne pouvait mieux caractériser cette entreprise audacieuse et coupable des factieux ; ils n’avaient d’autre but que de ressaisir le pouvoir, de dominer despotiquement leurs semblables, dans leur projet de reconstitution d’un État distinct de la République, avec les territoires de l’ancien royaume de Christophe ; ils auraient conservé leurs titres de noblesse, pour aboutir ensuite à une monarchie « horriblement absolue. »

Dans sa proclamation, le Président se plut à rendre justice au patriotisme, au courage, à la conduite digne d’éloges des généraux Magny, Marc Servant, Bonnet, B. Noël et Constant Paul. Deux jours après, il en émit une autre pour proroger jusqu’au 1er août suivant, la session législative, dont l’ouverture était prescrite au 1er avril, attendu’qu’il était dans la nécessité de se porter dans les départemens de l’Artibonite et du Nord. Enfin, le 17 mars, un ordre du jour accorda amnistie aux sous-officiers et soldats qui, ayant pris part à la révolte des Gonaïves, ne s’étaient pas encore présentés en cette ville ; un délai de vingt jours leur fut donné à cet effet.


Au moment où le Président allait partir, un nouvel incident le retint encore quelques jours à la capitale.

Un navire français y arriva le 29 mars. Il venait du Havre, et avait à son bord un évêque, plusieurs prêtres, de jeunes lévites destinés à l’être, et autres gens de la suite de ce prélat ; ils étaient tous des Français. Il s’y trouvait aussi le sieur Lavalette, homme de couleur, qu’on a vu