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imposées aux émigrans qui se destineraient à venir pour se rendre propriétaires par acquisition de terrains, ou pour ètre domestiques, ouvriers ou travailleurs quelconques, — et à ceux qui, étant éloignés des ports d’embarquement, recevraient des avances pour s’y rendre, à raison de six dollars par tête.

Les instructions présidentielles autorisaient l’agent Granville à faire quelques petites dépenses qu’elles n’auraient pu prévoir et dont la nécessité serait reconnue urgente ; mais elles évaluaient à quatorze dollars par tête le prix du passage et de la nourriture pendant le voyage, pour les adultes et les hommes, et à sept dollars par chaque enfant, les quelles dépenses seraient payées en Haïti à l’arrivée de chaque navire. L’agent avait la faculté d’affréter des navires, même de faire les approvisionnemens de chacun d’eux selon le nombre d’émigrans passagers ; et, dans ces prévisions, il était autorisé à puiser aux mains de M. Collins, jusqu’à concurrence de six mille dollars ou gourdes, sur les fonds dont cet Américain serait détenteur pour la République : « de laquelle somme vous rendrez compte, à l’issue de votre mission, avec pièces au soutien et en bonne forme, » ajoutaient les instructions. Elles lui indiquèrent les ports d’Haïti où les émigrans devaient être dirigés et la quantité à y envoyer, pour être répartis dans les différens quartiers, en désignant l’espèce des cultures auxquelles ils pourraient être employés. Dans cette présente année 1824, on devait tâcher d’avoir 6,000 émigrans capables de travailler, pour ces divers lieux compris dans les six départemens de la République[1].

  1. Les premiers émigrans envoyés par Granville arrivèrent au Port-au-Prince, le 10 septembre.