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complices ne pouvaient donc plus soutenir aucune lutte, lorsque, d’ailleurs, la conspiration avait échoué aussi au Cap-Haïtien.

Le général Bonnet, apprenant la situation des Gonaïves, s’y porta avec les troupes de Saint-Marc. Les conspirateurs s’enfuirent à son approche, se jetant dans les bois pour échapper au glaive de la justice. Mais bientôt. Dessous fut arrêté par les mêmes soldats du 25e régiment qui revinrent successivement aux Gonaïves, se soumettre à l’autorité du gouvernement, Bonnet ayant proclamé une amnistie en faveur des inférieurs. Il envoya Dossous, e quelques autres officiers qui s’étaient le plus compromis, à Saint-Marc, où ce général, et quelques-uns d’entre eux furent jugés, condamnés à mort et exécutés. Peu de jours après, on apprit que Joseph Jérôme, Cazimir Noël ou Dubédou, etc., s’étaient suicidés dans les lieux où ils se tenaient cachés. La tranquillité fut parfaitement rétablie dans l’arrondissement des Gonaïves comme dans celui de Saint Marc, par les mesures intelligentes que prit le général Bonnet, et la fermeté qu’il déploya dans ces circonstances.

Le 8 mars, le Président d’Haïti publia une proclamation datée du Port-au-Prince, à l’occasion des événemens qui venaient de se passer. Il les attribua à l’ambition des hommes qui les avaient fomentés :

« Esclaves orgueilleux de Christophe, dit-il, des hommes qui se consolaient de l’abaissement honteux où il les tenait, en faisant gémir à leur tour, leurs trop infortunés concitoyens sous le poids de la plus avilissante oppression, ces hommes ne virent qu’avec une sorte d’horreur le changement heureux qui anéantissait leurs titres, leurs privilèges, et mettait fin à leur despotisme féo-